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9 mars 2009 1 09 /03 /mars /2009 08:34


"Un des grands charmes de voyager ce n’est pas tant de se déplacer dans l’espace que de se dépayser dans le temps, de se trouver, par exemple, au hasard d’un incident de route en panne chez les cannibales ou au détour d’une piste dans le désert en rade en plein Moyen Age. Je crois qu’il en va de même pour la lecture, sauf qu’elle est à la disposition de tous, sans dangers physiques immédiats, à la portée d’un valétudinaire et qu’à sa trajectoire encore plus étendue dans le passé et dans l’avenir que le voyage s’ajoute le don incroyable qu’elle a de vous faire pénétrer sans grand effort dans la peau d’un personnage. Mais c’est cette vertu justement qui fausse si facilement la démarche d’un esprit, induit le lecteur invétéré en erreur, le trompe sur lui-même, lui fait perdre pied et lui donne, quand il revient à soi parmi ses semblables, cet air égaré, à quoi se reconnaissent les esclaves d’une passion et les prisonniers évadés : ils n’arrivent plus à s’adapter et la vie libre leur paraît une chose étrangère."

Blaise Cendrars, Bourlinguer, 1948

Un extrait du livre qui m'a fait prendre conscience que j'aimais voyager... Souvent les lecteurs regrettent que Rimbaud ait arrêté la poésie pour le voyage et une vie nomade... Cendrars lui a commencé par les voyages, puis la littérature et a réussi à concilier les deux... et ça donne Bourlinguer...
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